Carnet de route
Grotte du Crochet (Ain)
Le 24/10/2015 par Bernard DURANTET
Grotte du Crochet (Ain) 17 octobre 2015
Michel m’avait inscrit de force. Pas moyen de reculer. Moi qui n’osais pas descendre à la cave quand
j’étais petit, je me retrouve devant l’entrée d’une grotte qui plonge dans les ténèbres absolues : un
long soupirail où il faut ramper. Téméraire, je me lance à la suite de Fabien. Ambiance. Le casque se
cogne au plafond, le kit qu’on traine derrière soi comme un boulet se coince. Que c’est long. Enfin
nous débouchons dans une salle où on peut se redresser un peu. Ça va mieux. Puis un petit rappel,
et à partir de là, les galeries partent dans tous les sens, se ramifiant à l’infini. Parfois, c’est un cul-desac,
mais parfois, ça débouche sur une vraie salle, avec de belles concrétions, un plafond blanc
comme neige. En attendant les autres, je pars en exploration, en me méfiant comme la peste des
dalles inclinées sur lesquelles l’eau court. Mais en réalité l’adhérence est extraordinaire. El les images
ne le sont pas moins. A la lumière des frontales, les remous d’eau paraissent bleutés, et les vasques
sont d’eau pure et transparente.
Lorsque le groupe est au complet, nous repartons. Complètement désorienté, je suis incapable de
me diriger. Tout se croise, s’entrecroise, avec des variantes. Ça semble ne jamais s’arrêter. Parfois
des traces de la combustion de lampes à acétylène témoignent que tel boyau qui parait inaccessible a
été déjà exploré.
J’aime beaucoup ce passage dans les méandres, dans lequel on progresse en opposition, au-dessus
du ruisseau qui coule en contrebas. Mais j’aime moins quand il faut se tortiller pour passer sous la
voute et que je remplis ma botte d’eau.
Nous remontons sur la corde fixe, mangeons dans une salle basse où on ne peut pas se déplier, et
remontons une corde fixe pour visiter un autre secteur. Ici, les concrétions sont beaucoup plus belles
que dans les salles du matin. Mais il faut se les gagner, car les plus belles sont protégées par une
étroiture qui tourne à ange droit, où il faut rentrer tête la première, se retourner comme on peut, et
sortir sur le dos les pieds en avant : pourvu qu’on puisse ressortir ! Mais ensuite c’est enchanteur :
Des statues dignes d’une cathédrale, des draperies, des sculptures, des dentelles fines. Une goutte
d’eau attend son heure pour tomber. Je ne m’attendais pas à ça.
Il y a une vie au fond de ces ténèbres : des chauves-souris, des araignées, des papillons, forcément
de nuit, des pseudo-mouches et des quasi-moustiques. J’imagine que dans le noir la vie n’est pas si
tranquille que ça et que tout ce petit monde se dévore gentiment. Mais de quoi se nourrit l’espèce au
bas de la chaine alimentaire ?
Pour sortir, l’étroiture se passe mieux que prévu. Puis c’est un dernier rappel, un dernier ramping
pour sortir, toujours aussi long et oppressant. Enfin la lumière du jour, des racines, la sortie au grand
air. Le retour juste à temps pour France /All Blacks en coupe du monde. Mais ç’est une autre
histoire…
Bernard.
Photos Christian André .
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